«Ecoute la voix du Seigneur»

Qui d’entre nous, chrétiens catholiques, en ces temps confus et incertains
(coronavirus, récession sans précédent, tensions sociales et politiques, disparition progressive de « l’enveloppe chrétienne » de la société), qui d’entre nous dis-je, n’a pas fait l’horrible expérience de la déception, de l’absence ou du silence de Dieu, alors que nous avons juste besoin d’un signe qui nous rassure ou au moins de sentir sa
présence ? Nous sommes aujourd’hui dans un état d’esprit qui ressemble bien à celui des Apôtres au lendemain de Pâques. Pierre et ses compagnons croyaient leur vie finie, et ils se demandaient si Dieu était encore avec eux ; or voilà que le crucifié leur apparaît et leur annonce qu’ils n’ont plus à avoir peur parce que leur renaissance commence et rien ne l’arrêtera.


Une telle irruption de Dieu dans leur vie, ils ne pouvaient pas s’y attendre. Ils ont peur. Ils voient bien que c’est le Christ lui-même qui leur apparaît, qui leur parle et mange avec eux ; c’est bien celui qui ouvrait les yeux des aveugles et qui faisait entendre les sourds qu’ils ont au milieu d’eux ; oui, mais eux sont devenus comme aveugles et sourds ou plus exactement, ils ont choisis, pour se protéger, de prendre
le Christ pour un fantôme.


On est bien obligé de les comprendre ces Apôtres ; ils reviennent de loin. Le traumatisme des trois jours qui ont précédé Pâques, avec tout le souvenir des émotions négatives qu’ils en gardent, les ont littéralement pétrifiés. Ils sont anéantis et leur seule préoccupation c’est de survivre après cet échec. Désormais donc, ils s’interdisent de rêver ; ils veulent avoir les pieds sur terre, rester réalistes et se donner ainsi une petite chance au moins, de reprendre une vie normale.


On le voit donc, contrairement à ce que nous pouvons imaginer, les apparitions du Christ, ont été d’abord un temps d’épreuve pour les disciples ; et s’ils se sont repliés sur eux-mêmes ce n’est par révolte contre Dieu ni par refus de croire ; leur soif demeure, elle n’est pas étanchée et Dieu occupe toujours la première place dans leur cœur. Mais alors, comment continuer de croire en l’homme (c’est l’Evangile qu’ils
cherchaient à vivre !) quand celui qui partageait votre pain lève le talon contre vous ? (cf. Ps 41). Comment ne pas voir dans les religions une source de violence quand les droits de Dieu se défendent par le mensonge, le crucifiement d’un innocent ou à coups
de couteau ?


On comprend alors la résistance des Apôtres et tout l’effort du Ressuscité pour les amener à sortir d’eux-mêmes et de leur repaires ; c’était la condition pour qu’ils réalisent que Dieu est Dieu, même de l’impossible ; un long et délicat travail de persuasion pour que ces Apôtres-là cessent d’entretenir en eux et entre eux le doute et la peur, qu’ils ouvrent les yeux, se débouchent les oreilles, pour enfin aller partager
au temple et dans les synagogues, sur les places publiques et dans les rues de Jérusalem, leur joie de croire et d’être revenus à la vie.
Le Ressuscité est aujourd’hui encore au milieu de nous, mais il ne sauvera pas sans nous, sans notre coopération, notre écoute confiante et notre prière.


Ab. Michel

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Author: mjusseau