Prenons soin de la qualité de notre témoignage


Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France, dans le vieux continent et plus largement dans les démocraties occidentales ? La question n’intéresse pas uniquement les sociologues et les historiens des religions ; nous nous la posons, nous aussi chrétiens, quel que soit le niveau de la pratique religieuse des uns et des autres ; et avec raison ! En effet qu’une belle et brillante tradition, jusqu’ici majoritaire encore, décline si rapidement et donne l’impression de s’effondrer bientôt comme un château de carte, c’est plus que troublant.


On raconte qu’au 15ème siècle, de jeunes dominicains revenant du Nouveau Monde, récemment découvert, font part à leur Communauté de leur frustration de n’avoir pas pu convertir les indiens. Ils ont beaucoup prêché, mais Dieu, pensent-ils, ne les a pas aidés : il leur aurait donné d’accomplir, ne serait-ce qu’un tout petit miracle, les indiens se seraient fait baptiser en masse. « Erreur ! », leur répond un de leurs supérieurs ; « vivez plutôt ensemble », comme des frères, sans rivalités ni divisions ; c’est ce miracle de la fraternité que les indiens attendaient de voir ; c’est ce miracle-là, leur a-t-il dit, qui les auraient convertis.


N’est-ce pas ce que le Christ lui-même demandait aux tout-premiers disciples ? « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ?» Jn. 13, 35. La fraternité ! Un ordre du Christ. Nous sentons-nous vraiment concernés ? Nous soucions-nous de la qualité de vie et de relation au sein de cette Communauté ? Comment prenons-nous soin les uns des autres, surtout des plus éprouvés ? Mais la fraternité c’est aussi une mission ; mission d’éducation à la foi des enfants, de soutien et d’accompagnement des jeunes, mission aussi auprès de nos aînés, fragilisés par l’âge, la maladie et la solitude. C’est sûr que le premier mouvement des pauvres pécheurs que nous sommes, ce n’est pas de se faire le Bon Samaritain du tout venant ; la fraternité ça fait peur, ça désinstalle ; oui, mais c’est la seule voie du salut et d’un témoignage crédible.

Nous pouvons faire de notre Communauté un espace où se transmet cette culture de la fraternité, si nous revêtons l’Esprit du Christ et acceptons d’agir en conséquence.

Ab. Michel

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Author: mjusseau