« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».
C’est l’annonce que fait le prophète Isaïe à un peuple de déportés, des gens humiliés et meurtris,
physiquement et moralement dans la nuit et les ténèbres mais qui craignent surtout d’être
exterminés. L’oppression que vivent ces gens est indescriptible, et pourtant ils sont loin
d’être résignés, dit Isaïe qui les décrit non pas comme un peuple courbé et paralysé, mais
plutôt comme un peuple en marche, un peuple qui bouge et qui cherche à avancer. Ces gens
savent-ils vraiment où ils vont ? Nul ne le sait ! Ce qui est certain par contre et qui explique
leur refus de baisser les bras, c’est qu’ils espèrent voir le bout du tunnel.
Espérer ! Noël, la fête de l’espérance, la fête de celles et ceux qui croient que l’avenir peut
être meilleur, qui ne se laissent donc pas entrainer dans le courant bourgeois du désespoir
social, qui ne disent pas « tout est foutu, tout est absurde», mais qui agissent avec d’autres
pour que le monde soit plus pénétré des valeurs de l’Evangile, qu’il soit plus juste, plus
fraternel et plus beau pour tous ; ceux qui, à l’exemple du prophète Habacuc, savent exulter
et bondir de joie dans le Seigneur, même quand « le figuier n’a pas fleuri », que « le fruit de
l’olivier a déçu », et qu’il n’y a plus de nourritures dans les champs. cf. Ha 3, 17.
Autrement dit, Noël, c’est la réponse de Dieu pour combler les espoirs et l’espérance des
humbles, de ceux qui ont conscience qu’il n’y a de véritable vie que là où l’espérance (ou
l’espoir) n’est pas morte. Noël, dit Isaïe, c’est la victoire que Dieu accorde à ceux qui s’en
remettent à lui, victoire sur Madian et tout ce qui lui ressemble, triomphe d’une petite
poignée d’hommes qui réussit avec la grâce de Dieu à mettre en déroute une armée parmi
les plus redoutables rien qu’avec des torches et des trompettes. Ce qu’apporte l’Emmanuel,
c’est essentiellement notre salut éternel.
Mais ce salut a évidemment une portée terrestre.
L’espérance chrétienne ne s’oppose pas aux espoirs que nous pouvons nourrir d’une
réconciliation au sein de la famille, d’une guérison, d’un succès professionnel ou
universitaire, ou encore de l’espoir de trouver du travail ou d’avoir un enfant. Car à quoi
nous servent tous ces biens si ce n’est de nous rapprocher les uns des autres et de glorifier
Dieu par notre vie ?
Le Verbe vient faire sa demeure parmi nous. Il fonde et raffermit notre espérance en la cité
céleste tout en stimulant notre action dans la cité terrestre. Nous le prions de nous garder
tous dans l’espérance.
Bon Noël !
Ab. Michel