Parmi les milliards d’êtres humains qui se préparent à fêter Noël et qui le feront d’une manière ou d’une autre, combien sont-ils ceux qui savent que Noël c’est la fête de l’Incarnation de Jésus-Christ, Lumière du monde et deuxième personne de la Sainte Trinité? « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme Fils Unique, plein de grâce et de vérité ». Jn 1, 14. L’Incarnation c’est un point clé de la foi chrétienne. Ce que nous enseigne l’Ecriture en effet c’est que, dans l’immensité et la perfection infinie de Dieu se déroule une vie de communion aussi intense qu’intime, une vie de relation que nous ne découvrirons qu’au soir de notre vie, mais que nous sommes déjà appelés à reproduire à notre niveau, en imitant Celui qui est descendu d’auprès de Dieu. Ce que nous enseigne encore l’Ecriture c’est que, Dieu qui est pur Esprit, éminemment transcendant et inaccessible, ne connaissant « ni changement ni ombre de variation » Jc 1, 17, Dieu, en Jésus-Christ, s’est fait « en tout semblable aux hommes, à l’exception du péché », nous appelant du coup à entrer en communion avec Lui d’abord, et ensuite les uns avec les autres.
« Ce mystère est grand !» Qui peut en saisir « la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur » ? Eph 3, 18. Pourtant Dieu n’est pas venu chez les hommes par effraction. L’Ecriture en témoigne très largement : « La Vierge sera enceinte, elle mettra au monde un fils ; on l’appellera Emmanuel, Dieu parmi nous » Is 7, 14. Dans le Livre du même Isaïe, il est encore écrit au sujet de l’Emmanuel : « En effet, un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et la souveraineté reposera sur ses épaules ; on l’appellera Merveilleux Conseiller, Dieu puissant, Père éternel et Prince de la paix ». Is 9, 5. Le prophète Michée, un contemporain d’Isaïe confirme : « Et toi, Bethléem Ephrata, qui es petite parmi les villes de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte loin dans le passé, à l’éternité » Mi 5, 1. Si Jean Baptiste le prophète-précurseur, les apôtres du Christeux-mêmeset d’autres personnalités religieuses comme Joseph d’Arimatie, Nicodème et les convertis du Sanhédrin, tous adeptes d’un monothéisme absolu, ont accepté le Christ comme « Chemin, vérité et vie » et n’ont pas craint d’embrasser la foi chrétienne, malgré les intimidations et les persécutions qui allaient suivre, c’est d’une part, parce qu’ils ont rencontré le Christ et vu les œuvres qu’il accomplissait, mais c’est aussi d’autre part, parce que toutes ces prophéties étaient enfin devenues claires et évidentes pour eux. En dehors du Christ, elles sont simplement incompréhensibles, aujourd’hui encore.
Ainsi donc, depuis le premier Noël de l’histoire, notre chair abrite, au sens propre, le divin. L’Emmanuel de la crèche de Bethléem ne s’est pas servi du corps humain comme d’un déguisement ; il demeure vrai Dieu tout en étant pleinement homme. Il entre dans le monde des hommes comme chacun de nous, en nouveau-né fragile et sans défense. Il naît même dans le dénuement et au milieu des plus pauvres, ceux qui n’ont ni or ni argent et à qui on ne reconnait même pas le droit de croire et d’espérer.
On comprend alors, que durant sa vie mortelle le Christ n’ait jamais eu de peine à s’approcher du pire de l’homme, à aller vers les marginaux et surtout vers les malades, à toucher et à se laisser toucher par des lépreux. En somme il ne s’est pas limité à se mettre au niveau des hommes, il est descendu plus bas que les plus méprisés des hommes. Isaïe lui encore prophétisait déjà à son sujet, huit siècles plus tôt : « Méprisé et délaissé par les hommes, homme de douleurs, habitué à la souffrance, il était pareil à celui face auquel on détourne la tête… Pourtant ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé… » Is 53 3ss.
Voulons-nous vraiment aujourd’hui donner tout son sens à Noël, fête de l’incarnation du Christ ? Alors efforçons-nous de le laisser s’incarner dans nos regards, nos gestes et nos paroles; qu’il soit notre œil, notre vue et notre lumière. Lui, le plus humain des êtres humains, veut habiter en nous et parmi nous. Acceptons comme Marie de nous mettre entièrement à son service pour que notre espérance ne soit pas vaine. La grâce de l’incarnation accomplie en Marie nous concerne nous aussi, car le Christ n’est venu parmi nous que pour nous élever, donc pour notre bonheur et notre salut. Un poète et théologien allemand du 17ème siècle, Angelus Silesius le disait si bien : « Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il n’est pas né en toi, tu restes mort à jamais.
Ab. Michel