La Patience comme fruit de l’Esprit.

« A celui qui sait attendre, tout vient à point ». Il suffit par contre d’une toute petite impatience pour ruiner un grand projet. La patience est-elle encore une vertu pour nous et nos contemporains ? Il est permis d’en douter. Combien sommes-nous à râler et à pester pour une connexion qui, exceptionnellement, demande un peu plus de temps que d’ordinaire ? Pour quelques secondes d’attente seulement, on se met en boule et en plus, on se croit le plus sérieux. Tel père de famille a envie d’aller faire un tour en ville, il ne trouve pas ses clés de voitures, il perd son calme, s’énerve et crée la tension dans la maison. Madame trouve qu’une heure de messe le
dimanche c’est trop long, « on n’a pas que ça à faire !» ; elle passe quand-même ses samedis à faire le tour des grandes surfaces ; juste pour tuer le temps.


Pourquoi sommes-nous si prompts à nous irriter aujourd’hui ? Pourquoi des gens d’habitude calmes, paisibles et décontractés en arrivent à perdre leur self-control à s’emporter pour un rien, au point de céder à la violence ? Pourquoi toutes ces crises conjugales, ces fermetures et refus de communications? Le confinement n’y est pas étranger, c’est certain, mais le confinement n’explique pas tout. Il y a bien d’autres raisons et entre autres celles-ci : nous avons oublié que tous, nous sommes et resterons toujours
des mendiants, des mendiants de Dieu.

Nous avons oublié que la patience c’est une vertu, la vertu des mendiants, de ceux qui sont conscients de leur limites, qui les acceptent et ont la sagesse d’attendre pour être secourus. Nous ne savons plus attendre, nous n’apprenons plus à être patient ; ça se voit chez les enfants, chez les ados et même au sein des couples (les nombreux divorces !). Quand tout le monde exige d’avoir tout et tout de suite, il y a forcément moins de volontaires pour le service et plus de tension dans le groupe.

Comme Abraham le père de la foi, nous sommes des mendiants, de pauvres
mendiants de Dieu. Abraham n’a-t-il pas attendu pendant des décennies, avant d’être exaucé, alors qu’il était, humainement et scientifiquement impossible que Sarah puisse concevoir ? Pourquoi tant d’amertume et d’hostilité, même au sein des Communautés chrétiennes? La déception ? Oui, c’est sûr ! Et la peur aussi ! Nous sommes déçus ; comme ces enfants dont parle l’Evangile, résistants et insensibles à tout, mais réclamant tout et son contraire ; nous sommes déçus de voir que les promesses de Dieu tardent à se réaliser, on s’empresse d’imaginer que c’est plutôt le contraire qui va se produire : une Eglise en déclin et un monde forcément hostile.


Et si nous prenions le temps de respirer un peu ! Car tout, y compris notre patience quand elle est mise à l’épreuve, « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » ceux qui se laissent guider par son Esprit. Un des plus grands services que nous pourrions rendre aujourd’hui à la France et à l’Eglise : réapprendre calmement et humblement à nous caler au rythme de Dieu et lui dire : « que ta volonté soit faite ».


Bonne Semaine.
Ab. Michel

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Author: mjusseau