Pour prendre soin de notre âme : la prière quotidienne. (édito du 15 janv. 23)

     « Un esprit sain dans un corps sain » ! Qui ne connaît pas ce vieil adage de Juvénal, (1ersiècle de notre ère) popularisé par Pierre de Coubertin et devenu aujourd’hui si cher au monde sportif ? Des clubs  et des organismes sportifs ou académiques en grand nombre en ont fait même leur devise ! « Mens sana in corpore sano ». Ce que dénonçait Juvénal, s’ il est besoin de le rappeler c’était disait-il, « la dégradation de l’esprit traditionnel romain » et tout ce que cela entrainait comme vices et perversions  dans la société : un comportement de bouffon à tous les échelons, donc une société qui perd le goût du beau, qui n’a plus les sens du vrai, de la vérité et de la vertu, une société que ne maitrise plus ni la morale ni l’éducation et qui par conséquent, fonce droit dans le mur. Pour Juvénal, cette Rome du 1èr siècle était devenue comme une maison de prostitution, avec sa kyrielle de maquereaux et d’arrivistes sans foi ni loi. Il appelle donc à un sursaut, à un réarmement moral : cultivons-nous corps et âme, dit-il à ses concitoyens ; un travail sur soi de décentrement et de détachement, pour éviter de devoir se soumettre à la tyrannie du corps et du matériel. Ce que prêchait Juvénal hier, c’est en fait  ce que nos philosophes appellent aujourd’hui  le  « souci de soi », c’est à- dire, en somme une bonne hygiène,  celle qui prend en compte tout l’homme, ce qui relève du physique aussi bien que ce qui concerne le moral, le mental, le spirituel et même le collectif.

      Nos sociétés aujourd’hui n’ont peut-être plus grand-chose à voir avec la Rome antique, mais nous devrions certainement nous garder de récuser trop vite Juvénal et ses recommandations ! Car si autrefois à Rome on réclamait du pain et des jeux en pagaille,  aujourd’hui tout le monde exige du pouvoir d’achat et des loisirs, sans forcément se préoccuper du sens de la nation et du collectif. L’esprit chrétien ou ce qui en reste est bel et bien en train de se perdre, nous préférons les dons de Dieu au Dieu des dons. Nous nous intéressons plus à la santé du corps qu’au soin de l’âme. L’une des obsessions les mieux partagées aujourd’hui  n’est-ce pas d’ailleurs de rester toujours et éternellement jeune ? Et Dieu sait que nos contemporains savent y mettre le prix ! Tant pis si l’âme se plaint d’épuisement, pourvu qu’on puise choyer le corps et ne plus penser à la mort et à ce qui pourrait tourmenter l’âme! Cette vie moderne avec ses nombreuses préoccupations ne nous laisse plus vraiment de temps à consacrer à Dieu ni à la santé de notre âme. L’acquisition de biens matériels nous prend chaque jour toute notre énergie ; c’est donc normal s’il n’en reste plus ni pour Dieu ni pour ceux qu’il nous confie.

     Mais comment est-il possible dans ces conditions de demeurer chrétien ? Si, comme aimait dire St Jean-Paul II, la prière est aussi importante pour la vie que l’est la respiration, comment, en tant que chrétien, peut-on espérer vivre en paix avec soi-même, et avec les autres, quand on ne trouve plus de temps ni pour Dieu ni pour les autres et encore moins  pour la prière, alors qu’on en a pour la télé et pour les randonnées. On le voit donc, prendre soin de notre âme, c’est la question cruciale qui se pose à chacun de nous aujourd’hui. Nous devons urgemment retrouver ce que nos aînés dans la foi appelaient « la pharmacie de l’âme », c’est-à-dire tout ce qui nous préserve du mal-être et de la perte de sens. Nous y parviendrons si nous acceptons, comme disait Martin Luther à son barbier, de faire de la prière notre premier travail.

     Après Noël et l’Epiphanie, nous entrons dans le temps ordinaire. Que ce temps soit pour chacun de nous, celui d’une vie ordinaire plus intense et plus intime avec le Christ.

                                                                                      Ab. Michel

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Author: Olivier Bruna