« L’Eglise est une pirogue sur laquelle les vieux aident à maintenir la direction en interprétant la position des étoiles, et les jeunes rament avec force en imaginant ce qui les attend plus loin ». Ces propos sont ceux d’un jeune auditeur du Synode sur la Jeunesse (octobre 2018). Ils ont été rapportés par le Pape François dans son Exhortation apostolique post-synodale « Christus Vivit » (mars 2019). Si je les reprends c’est parce qu’ils résument à mon sens, toutes nos réflexions sur la synodalité de notre Eglise. En effet nous l’avons dit et redit tout au long de nos échanges l’an dernier : la vie chrétienne est un cheminement communautaire. « Il est mieux que nous montions tous dans la même pirogue, dit encore le Saint-Père, et que nous cherchions ensemble un monde meilleur sous l’impulsion toujours nouvelle de l’Esprit ».
Chaque année en septembre, quand s’ouvre une nouvelle année pastorale, nous voyons combien cette société dans laquelle nous vivons « exige de l’Eglise le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission ». La synodalité n’est pas un effet de mode. Les termes de communion, participation et mission ne doivent pas rester des slogans. Nous sommes tous conscients de l’état actuel de nos communautés. La barque de Pierre n’est pas un bateau de plaisance, elle ne l’a jamais été. Les vents aujourd’hui sont encore contraires, comme autrefois au Tibériade ; les tempêtes se succèdent et les vagues menacent de l’engloutir.
C’est vrai qu’ « on n’arrête pas la mer avec les bras », mais nous n’avons pas non plus le droit de céder à la fatalité quand le Ressuscité, Celui qui passe les vagues de l’histoire, se tient à nos côtés et nous dit « n’ayez pas peur ». L’Eglise, ne l’oublions pas, a connu les persécutions romaines et tellement d’invasions ! Pour ce qui nous concerne, il y a eu la Révolution française et ses périodes de terreur ; l’Eglise en a certes énormément souffert mais elle n’a pas sombré. Nous pouvons donc faire confiance au Christ, car si la barque de Pierre, autant malmenée, a pu tenir le coup, partout, sous toutes les latitudes et ce, jusqu’à aujourd’hui, c’est bien par sa grâce : « J’ai vaincu le monde nous » nous dit-il encore en ce début d’année pastorale.
Oui le Ressuscité nous accompagne, nous ne pouvons plus en douter. Mais alors qu’est-ce qui explique le manque de vitalité et de dynamisme de nos communautés ? Certainement parce que pour la plupart nous n’avons pas encore compris qu’une Eglise synodale c’est une Eglise de la participation et de la coresponsabilité. Nous tous qui nous réclamons du Christ, que nous soyons pratiquants réguliers ou occasionnels, nous sommes appelés à mettre au service les uns des autres, les dons que nous avons reçus de Dieu. Les besoins de notre communauté sont immenses et divers à la fois. Nous avons urgemment besoin de volontaires pour le catéchisme des enfants du mercredi et du dimanche matin. Il nous faut aussi du monde pour renforcer ou créer des Equipes d’accueil et des permanences dans toutes les paroisses. Par ailleurs le responsable du Service évangélique des malades, ou encore celui pour les Deuils, lancent tous les deux, chaque année un appel aux communautés pour plus d’engagement auprès des personnes seules, âgées ou fragiles. Il ne semble pas qu’ils soient entendus ! Et ce n’est pas tout ; il nous faudrait une Equipe pour les vocations, ou encore pour les « recommençants ». Vous le voyez donc, il y a de la place pour tout le monde dans l’Eglise et pour faire vivre et rayonner nos communautés. Qu’on soit homme ou femme, enfant, jeune fille/garçon ou adulte, ou encore, maçon, enseignant, politicien ou berger, agriculteur ou médecin, nous avons tous quelque chose à partager et ainsi, faire de nos différentes communautés paroissiales, avec la grâce de Dieu, des communautés relationnelles et inclusives, des communautés vivantes et porteuses de Bonne Nouvelle.
Ab. Michel