« L’Eglise est une symphonie vocationnelle » édito du P. Michel

Dans toutes les Communautés chrétiennes et paroisses de France, on déplore
aujourd’hui le manque de vocations, notamment pour ce qui concerne le sacerdoce
ministériel et plus largement les vocations au célibat consacré.

En 2020 par exemple, selon le site de la Conférence des Evêques de France, il n’y a eu que 126 ordinations
sacerdotales pour l’ensemble des diocèses ; certains n’en ont pas eu depuis plusieurs.
Comparé aux milliers d’ordinations annuelles du début du 20ème siècle, ce chiffre de 126
évidemment fait froid dans le dos, surtout quand on sait combien l’Eglise catholique est
dépendante de ses prêtres, diacres et religieux-religieuses, pour sa vie ordinaire, ses
nombreuses œuvres et sa mission. Comment comprendre cette pénurie des vocations et
faut-il s’y résigner comme à une fatalité ?
La crise des vocations, on en parle tout le temps, partout et peut-être un peu trop, à
mon sens. Ce qui me paraît le plus inquiétant c’est plutôt une autre crise, une crise bien
plus terrifiante : la crise de la foi dans nos milieux et terres d’ancienne tradition
catholique. C’est vrai qu’il y a peu de vocations aujourd’hui, mais tout compte fait, la
situation n’est pas aussi dramatique qu’on l’imagine, dans la mesure où le nombre de
catholiques pratiquants lui aussi connaît chaque année une baisse au moins
proportionnelle. Beaucoup accusent et condamnent le célibat et l’exigence de chasteté
comme repoussoir des vocations sacerdotales; c’est vrai dans certains cas et milieux, mais
ce n’est pas la raison la plus déterminante. Il suffit pour s’en convaincre de penser aux
nombreux échecs dans la vie des couples ; le mariage chrétien lui aussi traverse une
période de crise, une crise qui n’est pas sans lien avec les autres; de plus en plus de jeunes,
on le voit, hésitent à se marier ou le font très tard ; parmi eux, très peu d’ailleurs
réussissent à tenir bon quand arrivent les premières difficultés dans la vie à deux. Et puis
pourquoi ne pas le reconnaître, le célibat ne pèse pas plus et n’est pas plus difficile à vivre
aujourd’hui, que du temps des apôtres. Eux, comme le Christ lui-même, savaient très bien
qu’il allait contre la culture et contre la nature, ils savaient qu’en devenant des
« eunuques pour le Royaume » (Cf. Mt.19, 12), ils passeraient pour des gens méprisables
aux yeux de leurs contemporains. En fait la vérité c’est qu’il n’est pas possible de suivre le
Christ dans son option pour le célibat consacré, à moins de croire comme ces apôtres, que
les temps sont vraiment accomplis. Or justement, c’est bien là que le bât blesse.
Car au fond d’où viennent généralement les vocations ? N’est-ce pas, pour l’essentiel,
des familles nombreuses et pratiquantes? Or de nos jours ces familles qui étaient le
principal terreau des vocations sont devenues une infime minorité. Et il y a plus grave
encore ! La sensibilité aux questions écologiques amène de plus en plus de familles à
renoncer à la procréation ; on n’imagine plus l’avenir autrement que sombre. Ce
pessimisme, ce manque de confiance en Dieu, comme Maître de l’histoire et de la destinée
des hommes, se retrouvant un peu partout, dans toutes les couches et à tous les niveaux,
il n’est pas étonnant qu’on en arrive à se préoccuper davantage de parler de crise, plutôt
que de s’engager dans des structures de prière et de soutien aux vocations. Le Pape
François, dans son message pour cette journée de prière pour les vocations nous rappelle
très opportunément que l’Eglise « est une symphonie vocationnelle ». Une
Communauté chrétienne vivante c’est comme un bel arbre ; bien entretenu, l’arbre fait de
solides branches, les familles ; et naturellement ces branches fleurissent et donnent du
fruit. « On ne cueille pas des figues sur des épines, disait le Christ, et l’on ne
vendange pas des raisins sur des ronces » Lc 6, 44

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Author: Olivier Bruna