L’Esprit fait notre communion

  
Aujourd’hui dans beaucoup de paroisses catholiques on se plaint de « la perte du lien social » ; on se plaint du caractère trop figé et trop conventionnel des relations  entre membres d’une même Communauté et surtout avec les responsables, qu’ils soient clercs ou laïcs. Le dimanche par exemple, nous sommes souvent assis côte à côte, pourtant même après plusieurs années dans la même paroisse et dans les mêmes églises, nous restons, pour la plupart étrangers ou presque, les uns aux autres ; tous sans le dire, nous souffrons d’un certain isolement spirituel ; la vérité, c’est simplement que nous ne prenons pas toujours  la peine de nous dévisager les uns les autres et de nous parler un peu ; et d’ailleurs quand cela arrive, nous faisons bien en sorte de ne pas sortir d’une certaine zone de convenu.

   En fait nous voulons une chose et son contraire : nous voulons une Communauté vraiment chrétienne et catholique, une Communauté où tous ne font qu’ « un cœur et une âme », une Communauté où se vit une belle communion fraternelle entre tous, blancs et noirs, pauvres et nantis, hommes et femmes de de tous âges, de droite ou gauche, mais en même temps nous n’avons pas envie de nouer ni d’entretenir des relations qui nous engageraient trop ; pour le confort et la poursuite d’une vie sans problème, de plus en plus de chrétiens catholiques, en effet, choisissent de rester dans l’anonymat, tout en ne se gênant pas de se plaindre d’une Eglise pas assez vivante, une Eglise qui ressemblerait plutôt à une momie.   

Mais rappelons nous : si au cours des âges le témoignage chrétien a été si pertinent et si persuasif, d’où pouvait il puiser sa force et sa puissance ? N’est-ce pas du témoignage d’amour des Communautés elles-mêmes ?  « Voyez comme ils s’aiment !», disaient les païens en voyant vivre les chrétiens.

Et ainsi des Communautés pourtant calomniées, marginalisées, honnies, et souvent persécutées, attiraient quand même à elles de grandes foules. Et ce n’est pas inutile de le préciser, ni les Apôtres ni leurs successeurs immédiats n’avaient de manuels de théologie pastorale.

Pour s’organiser en Communautés vivantes, fraternelles et rayonnantes, tout ce qu’ils avaient c’est une Parole du Christ, la même que nous avons encore aujourd’hui, sous forme de commandement : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Très vite ils ont compris que pour s’aimer du même amour que le Christ, il fallait s’abreuver comme lui à la même Source,  au même Esprit. Ils ont compris qu’il n’était  pas possible à un corps de se développer, en ne se contentant que d’un repas par semaine, ni à des conjoints d’être en parfaite communion quand ils ne se voient que quelques jours de l’année.

Les signes extérieurs de la résurrection dans le Corps du Christ qu’est l’Eglise, c’est par nous qu’ils peuvent être visibles aujourd’hui, par notre volonté de réduire les distances entre nous, par notre vie de prière, le partage et le soutien mutuel ou encore les visites aux malades et celles que les familles doivent pouvoir se rendre entre elles, par amour pour le Christ et pour que l’évangélisation soit l’œuvre de tous.  
  La communion fraternelle c’est le témoignage que nous devons au monde de ce temps. C’est aussi le signe d’une Communauté habitée et animée par l’Esprit du Christ.                        

               Ab. Michel
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Author: mjusseau