Nous sommes une Eglise de pécheurs

Les révélations contenues dans le «RAPPORT SAUVE» et abondamment commentées par les médias du monde entier ont rappelé aux chrétiens catholiques que nous sommes, ceci que nous oublions trop souvent hélas : les croix que nous portons au cou représentent tout autre chose qu’un brevet de bonne conduite.

L’Eglise confiée à Pierre, cette Eglise à laquelle nous sommes fiers d’appartenir aujourd’hui, est un rassemblement, non pas de récipiendaires de la Légion d’honneur, mais de pauvres pécheurs.

Nous le savons si bien que de chacune de nos célébrations eucharistiques commence par un rite pénitentiel; se battre sa coulpe, pour nous, ce n’est ni avilissant ni honteux, c’est tout simplement chrétien.

Qu’on se rappelle: le Christ lui-même ne savait-il pas, au moment de choisir ses premiers disciples, qu’ils étaient tous plein de défauts? «Je ne suis pas venu, appeler les justes, disait-il alors, mais les pécheurs» Mt 9,13.S

i après une nuit entière de prière, il n’a rejeté ni Pierre le renégat, ni même Judas le traitre, c’est tout simplement parce qu’il ne voulait pas faire de son Eglise une «secte de purs». Car deux sur douze, c’est quand même un pourcentage énorme!Et ce que le Christ demande aussitôt à ces Apôtres, comme aux foules qui le suivaient, c’est de se reconnaître pécheurs et de changer de vie: «Convertissez-vous et croyez.» Mc 1, 15.

Ne pas prendre conscience de notre situation de pécheurs -amoureux du Christ certes mais pas toujours tournés vers Dieu -ou bien chercher, comme nous le faisons trop souvent aujourd’hui, à cacher nos limites et nos fragilités, c’est vouloir nous mettre dans la position même de Dieu.

C’est le péché d’orgueil, le péché fondamental, que rien n’arrête, tant qu’il n’a pas imposé sa puissance et sa domination; et nous ne pouvons pas ne pas l’admettre, dans nos milieux catholiques ou ecclésiastiques, cet orgueil est d’autant plus ravageur qu’il se pare toujours du masque de l’humilité, la fausse humilité.

Depuis mardi dernier le sentiment qui nous habite tous, c’est celui de la honte et de l’indignation. Nous savons bien qu’il y a d’autres secteurs de la société française où le bilan serait aussi dévastateur et où l’omerta sur la manipulation et la cruauté des prédateurs continue de masquer l’inceste et la pédocriminalité, mais tout cela ne rend plus urgente la nécessité d’une conversion de nos mentalités et de nos comportements.

S’il faut encore le rappeler, nous n’avons pas à nous modeler sur le monde présent, (cf. Rm. 12-2), notre seul modèle c’est le Christ; c’est par l’Evangile que nous le connaissons, et l’Evangile n’est pas un code moral. Ce que le Christ nous demande c’est de l’annoncer; pas de faire croire, quand on est clerc ou responsable de Communauté, que le sexe est désormais un champ neutre ou encore de nous tenir devant les autres comme des donneurs de leçons.

Le Catéchisme de l’Eglise catholique nous prévient: chaque fois que le péché n’est pas reconnu ou dénoncé, par un effet d’entrainement, il se structure, il prend racine et se bétonne.

Ab. Michel

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Author: mjusseau