A maintes reprises, l’Evangile nous montre le Christ, expliquant aux « Douze » en particulier, le sens d’une parabole que le grand public n’était pas en état de comprendre, ou d’une déclaration qui avait pu heurter les préjugés des auditeurs. Cependant il prenait toujours soin de leur rappeler que leur métier d’apôtres c’était d’être avec lui, et de porter l’Evangile au monde entier. « Ce que je vous confie dans le creux de l’oreille, vous devez le crier sur les toits » Mt 10, 26. En effet, si on allume une lampe, ce n’est pas pour la dissimuler sous un meuble ou un lit. Notre responsabilité de chrétiens c’est d’être des porte-flambeaux, mais plus encore d’être nous-mêmes des flambeaux. Le Christ qui vit en nous (cf. Gal 2, 20), nous rend lumineux donc véritablement aptes, comme les nuées de témoins qui nous ont précédés, à illuminer la vie de nos voisins et celle du monde autour de nous. Regarder vers Dieu en toutes choses, petites ou grandes, c’est l’unique principe qui doit motiver nos actions et diriger nos vies. « Tout pour la gloire de Dieu », 1 Co 10, 31, disait Saint Paul aux Corinthiens, « afin que les hommes voyant vos bonnes œuvres, glorifient votre Père qui est aux cieux » Mt 5, 16.
Aujourd’hui, les nombreux exemples de contre-témoignages et précisément cette longue série de scandales de pédophilie, d’abus sexuels et d’abus de pouvoir dans nos Communautés ont amené beaucoup de chrétiens à se demander si l’Eglise d’aujourd’hui est bien celle qu’ils ont connue et aimée autrefois, une Eglise Sainte et Catholique et non pas le repaire de brigands que l’Antéchrist se fait une joie de nous dépeindre ! Ce que nous pouvons tous constater en tout cas, chez les individus, dans les groupes ou à l’intérieur de nos Communautés, c’est que nous devenons de plus en plus pessimistes pour ce qui est de la capacité de l’Eglise, non pas seulement à changer le monde, mais à survivre à cette situation. En fait, nous n’y faisons peut-être pas assez attention, mais le pessimisme est tout simplement en train de nous éloigner les uns des autres et de nous paralyser. Cet état d’esprit est plus que dangereux, nous devons nous en libérer sans délai. Notre responsabilité de levain dans la pâte du monde nous interdit de jouer avec le feu. Nous n’avons pas le droit de tomber dans le panneau qui consiste à juger un héritage sur l’indignité des héritiers (St Léon le Grand), ou à rougir du Christ à cause de ses blessures et de sa Croix ! Lui-même le Christ, n’a-t-il pas condamné le scandale des faibles ? De même au sujet de Judas et de ses manigances, ses propos sont sans ambigüité : malheureux, dit-il celui par qui arrive le scandale, « Il vaut mieux pour lui qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer ». Lc 17, 2. Pour autant il ne dissout pas le groupe des apôtres, il n’envisage pas non plus d’arrêter définitivement sa Mission.
De tous temps, il y a eu des infidèles parmi les membres de l’Eglise, mais il est injuste de dénigrer l’Eglise en ne regardant que ceux qui l’ont défigurée ; ce n’est pas juste d’avoir l’œil exclusivement pour les fautes et les échecs et pas sur les vertus. Or pour ce qui est des vertus justement, l’Eglise a toujours été et reste le Phare dans l’obscurité du monde. Il y a urgence : nous devons, rapidement et sereinement, retrouver notre fierté d’être chrétiens, d’être les fils et filles d’une Eglise faite de pécheurs certes, mais des pécheurs humbles et repentants, une Eglise établie par le Christ et qui a reçu de lui la capacité de survivre et d’assumer toutes ses missions, malgré la faiblesse de ses membres, même les plus éminents : « Allez enseigner toutes les nations… Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » Mt 28, 19.
Ab. Michel