Témoins de l’Amour de Dieu

Témoins de l’Amour de Dieu         

Parmi les textes proposés à notre méditation ce dimanche, il y a « l’hymne à l’amour » de St. Paul, un des passages incontestablement les plus beaux de l’Ecriture et de la littérature humaine, mais surtout, et cela nous l’oublions souvent, une lettre de reproches à la Communauté de Corinthe. Corinthe en effet, était une Communauté à tout le moins atypique : une toute petite minorité, avec une population très mélangée, des dockers, des marins et des soldats pour la plupart, des migrants, des réfugiés et des prostituées en grand nombre et au service de patrons-proxénètes eux aussi devenus chrétiens et fiers de l’être.   On comprend les querelles et divisions à l’intérieur de la Communauté, l’esprit de parti, les procès juridiques entre chrétiens, les discriminations et participations à des banquets orgiaques et même un cas flagrant d’inceste que la Communauté semble accepter sans problème.     

Malgré tout cela, les corinthiens étaient convaincus d’être la Communauté chrétienne idéale, chacun cherchant à se mettre en avant, surtout avec « le parler en langues » dans les assemblées de prières, pour faire croire qu’on était le plus aimé de Dieu, qu’on bénéficiait du privilège que les saints eux-mêmes n’ont pas, celui de pouvoir se mettre en communication directe avec l’Esprit de Dieu.     

J’ai envie de nous demander à nous chrétiens d’aujourd’hui : sommes-nous convaincus que Dieu nous aime, que Dieu aime notre Communauté ? Nous savons par Jésus-Christ, que Dieu n’est pas un vieillard solitaire trônant hors de nos galaxies. Non, Dieu est toujours là, « plus intime à nous que l’intime de nous-mêmes » (St. Augustin), car Dieu est Amour ; aimer c’est sa nature et son essence. Dieu ne nous aime pas parce que nous serions aimables ; il nous aime comme il aimait les corinthiens, avec et malgré nos défauts et nos péchés. Dieu nous aime surtout quand nous lui manifestons que nous attendons tout de lui, comme le Centurion de l’Evangile ; il nous aime quand nous sommes assez humbles pour nous reconnaître peu aimables, comme le bon larron.  Et l’amour chez Dieu n’a rien de romantique, cela aussi nous le savons ; il nous aime d’un amour sacrificiel : « Voici comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » Rm. 5,8.     

Sommes-nous donc convaincus que Dieu nous aime ? Il faudrait peut-être poser la question autrement : nous, Communautés d’Aureille et d’Eyguières, de Lamanon et de Sénas, aimons-nous Dieu autant qu’il doit être aimé de ses enfants ? Dans nos cœurs et nos maisons ainsi que sur nos terres, l’Amour est-il vraiment aimé ? Nous connaissons le dramaturge Jean Anouilh et son « Invitation au château ». C’est le jour du jugement dernier, nous dit-il ; les justes sont parvenus à la porte du Ciel ; ils y ont leurs places réservées et tout le monde est pressé d’entrer. Anouilh fait alors parler Mme Desmermortes au sujet de Dieu : « Il paraît qu’il pardonne aussi aux autres ! ». Il n’en faut pas plus pour que ces gens qui croient aimer Dieu de tout leur cœur, se mettent dans une telle rage ! « …cela leur remue tellement la bile d’un seul coup qu’ils ne peuvent plus se retenir, ils éclatent en imprécations épouvantables » contre Dieu. Résultat, ils s’excommunient eux-mêmes et sont damnés.     

Une Communauté où l’on s’aime c’est une Communauté où ont leur place et sont reconnus, Pierre et Paul –même s’ils ne sont pas toujours d’accord-, Matthieu le publicain, Marie de Magdala avec ses 7 démons, Zachée le parvenu et même l’enfant prodigue de retour chez son Père. La Sagesse et les grâces peuvent venir de Dieu par les membres les plus faibles et les moins illustres, aimait dire St Benoît à ses moines.                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Ab. Michel.
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Author: Olivier Bruna