Vivre notre vie comme une vocation. Edito P. Michel du 8 octobre 23

      Tout chrétien est une mission, disait le pape François. Nous sommes nombreux à le croire, mais il faudrait surtout le vivre. Il me semble très important en tout cas, que nous entrions dans cette nouvelle année pastorale en gardant bien à l’esprit que toute vie est une mission, a fortiori la vie chrétienne. « Toute baptisée et tout baptisé est une mission ».

      Comme chrétiens en effet, nous croyons qu’aucun d’entre nous n’est venu sur cette terre par hasard ; nous sommes les enfants d’un Père qui nous aime et qui veut le meilleur pour nous, mais qui en même temps nous fait confiance et attend aussi beaucoup de nous. Ici-bas, nous sommes des pèlerins, non pas des touristes. Dieu compte sur chacun de nous pour continuer l’œuvre commencée par le Christ : réaliser son rêve et son projet de fraternité pour tous les peuples : « Que tous soient un. » Jn 17, 21. C’est cela notre mission de chrétiens dans le monde: « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés », donc consentir à devenir les gardiens les uns des autres,  comme de véritables frères et sœurs, dans la maison commune qu’est le monde. C’est cela le rêve de Dieu, c’est aussi notre vocation à tous, sans exception.

     Trop souvent hélas, dans nos milieux catholiques, le terme de vocation, quand il n’est pas tabou, est compris dans son sens le plus restreint ; ce serait l’affaire « des curés et des bonnes sœurs », un peu comme une tuile qu’on ne voudrait surtout pas voir tomber sur la tête de ceux que nous aimons. Il semble quand-même  que les mentalités soient en train de changer, et pour cause ! Car, qui d’entre nous, quel que soit le niveau d’instruction de notre foi,  aimerait voir mourir nos paroisses et communautés chrétiennes ? Or, nombre de confessions religieuses ou de traditions spirituelles aimeraient bien profiter plus pleinement de l’affaiblissement de l’Eglise catholique et de la dispersion des communautés. Elles en ont le droit, nous ne sommes pas dans un pays totalitaire. Mais le phénomène inquiète et c’est tout à fait normal, car chacun de nous est bien conscient de ce qui est en jeu. Ce qui me semble bien plus grave et difficile à comprendre cependant,  c’est de voir  que pour la majorité d’entre nous, les seules réactions face à cette situation se résument en une litanie de murmures et plaintes ; on se plaint de ces « étrangers qui nous envahissent », du « Pape devenu communiste » ou encore des curés « paresseux et pédophiles ». Ce que beaucoup perdent de vue, c’est que nous sommes bien en mesure d’apporter des réponses à cette situation et des réponses qui soient à la hauteur des enjeux.

     Reconnaissons et disons-le très simplement, la préoccupation de bien de chrétiens aujourd’hui dans les pays de tradition catholique, c’est de « sauver les meubles face au péril qui vient ». On en perd même la tête : des anticléricaux d’hier qui entrent dans la danse et veulent être reconnus comme « des athées très chrétiens » ; des hommes politiques ne croyant plus ni à Dieu ni à diable osent ouvertement confesser « leur déception devant un village privé de son clocher ». N’est-ce pas une manière de contribuer à entretenir l’illusion d’une Eglise « normale et dominante », mais en fait, une espèce de nouvelle secte « qui ne nous fera pas voir le salut ». C’est absolument certain.

     L’urgence aujourd’hui dans notre Unité pastorale Elsa, c’est que nous prenions un peu plus au sérieux notre foi, que nous nous rapprochions davantage les uns des autres, que nous nous mettions tous ensemble à écouter ce que nous dit l’Esprit, avec la volonté ferme de nous entraider pour le mettre en pratique. Il faut pour cela que chacun paye de sa personne. Il n’y a pas d’autre chemin pour répondre à l’appel de Dieu. Il n’y a pas d’autre chemin pour réaliser notre vocation de baptisés que de prendre chacun sa part dans la vie et l’animation de notre communauté. Nous avons pris de l’âge ou peut-être nous croyons-nous trop jeune ou pas assez expérimenté ! Eh bien, Dieu regarde la petite graine que nous sommes ; et ce qu’il voit c’est déjà un grand arbre en train de fleurir et qui va donner beaucoup de fruit.

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Author: Olivier Bruna