Nos Paroisses sont-elles vraiment des centres qui favorisent la rencontre avec le Christ ? Chacun de nous devrait se poser souvent la question, me semble-t-il, surtout en cette période postpascale. Nous croyons bien au Christ, Chemin, Vérité et Vie, Christ Unique Rédempteur de tous les hommes : « En nul autre que lui, il n’y a de salut.»(Ac. 4,12), dit St Pierre au Sanhédrin ; le Christ dont la résurrection représente, nous le savons bien, le Oui, l’Amen et le sceau de Dieu le Père sur ce qu’a été sa vie et son œuvre.
Je reprends la question en d’autres termes : nous préoccupons-nous de voir qu’aujourd’hui, tant de nos frères et sœurs « vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans Communauté de foi qui les accueille », et pour nombre d’entre eux, « sans un horizon de sens et de vie »* :tous ceux qui ont pris de la distance par rapport à l’Eglise ou à leur Communauté, ceux qui se laissent complètement absorbés par les tâches de la vie quotidienne, les engagements de la vie sociale et politique ou encore tous ceux qui, tout en n’appartenant pas à notre tradition spirituelle, cherchent ouvertement ou discrètement à en épouser les valeurs. Tous ces jeunes et enfants, ces femmes et ces hommes, comment les percevons-nous ? Comme des menaces et des dangers ou comme destinataires de l’annonce de l’Evangile, donc des frères et des sœurs potentiels ?
L’appel du Saint Père à la créativité pastorale, c’est l’occasion me semble-t-il, de nous laisser interpeller par les origines du christianisme et particulièrement l’œuvre d’un St Paul, à travers laquelle nous saisissons parfaitement le choix et l’orientation clairement missionnaires des premiers convertis et des Communautés primitives. Il était tellement évident pour ces chrétiens-là, que la vie chrétienne ne pouvait se concevoir autrement que comme une mission, que St. Paul lui-même ne ressent presque jamais le besoin d’appeler à la mission tel individu ou telle communauté. Tous, ils avaient parfaitement intériorisé son analogie de l’Eglise et de la Communauté chrétienne comme Corps du Christ, avec toutes ses implications : effort de communion avec tous les membres du Corps, participation à la vie et à l’harmonie du Corps, exemplarité, cohérence entre vie et foi etc. Dans l’entendement de St Paul en effet, il n’y a pas de vie chrétienne qui ne soit missionnaire; l’annonce de l’Evangile est pour lui inévitable, « une dette » des « sauvés », d’une part envers ceux que le Christ veut amener au salut, et d’autre part, envers le Christ lui-même, qui a donné et qui veut continuer de donner son salut.
On comprend alors pourquoi nos aînés dans la foi n’hésitaient pas à utiliser toutes les structures existantes ; associations, réseaux de clientèle ou les alliances familiales, pour faire connaître et aimer le Christ. Ils savaient bien qu’on touche mieux les cœurs par un contact direct et personnel et que la connexion avec un réseau pouvait offrir aux néophytes le soutien, l’instruction dont ils ont besoin, et surtout la disponibilité de frères et sœurs qui les accueillent et à qui, ils peuvent se confier.
A l’heure où il nous est demandé d’approfondir la notion de vocation, il est important je crois, de nous rappeler les uns aux autres, que notre première vocation c’est celle à la sainteté et elle est universelle. A ceux qui marchent à sa suite, le Christ offre son salut, mais nous savons bien qu’il n’est pas possible de suivre le Christ sans porter d’une manière ou d’une autre l’Evangile pour le salut des hommes et du monde ; nous le savons bien, là où se trouve une Communauté fidèle au Christ, c’est là que le monde a des chances d’atteindre sa perfection.
Ab. Michel