Christ notre Paix.

Nous aspirons tous à la paix, au bien-être physique et spirituel, à l’accord avec les proches voisins et tous ceux que nous rencontrons. La paix, comme dit le psalmiste, nous la recherchons, nous la poursuivons (cf. Ps. 34,15); croyants ou libre-penseurs, blancs ou noirs, chinois ou américains, tous en effet, nous sommes même convaincus d’être des artisans de paix et parmi les meilleurs bien sûr.

Et pourtant la paix ne règne pas autour de nous, même pas vraiment en nous. Ce qui se vit le plus souvent dans nos villes, nos quartiers et nos familles c’est le soupçon et la méfiance, les antagonismes et les comités restreints, les inimitiés et actuellement une véritable haine qui s’amplifie et crée de nouvelles barrières, à cause surtout de la peur que nous avons, d’être entrainés dans une dissolution générale des valeurs que nous impose une société de plus en plus hétéroclite.

Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que la paix est en train de déserter les cœurs. Nous en avons tellement conscience que nous n’osons plus rêver de paix collective et durable. Nous nous contentons alors d’appeler paix les périodes d’absence de conflits, ou encore l’art de vivre les conflits sans trop de violence, un art auquel il va bien falloir que chacun s’exerce.

Mais pourquoi donc tant d’hostilités entre les hommes ? Pourquoi ces murs de séparation entre peuples, ethnies et croyants de différentes confessions religieuses ? Qu’est-ce qui peut expliquer que des frères et sœurs d’une même famille chrétienne en arrivent à se détester et à se jeter mutuellement l’anathème ?

Saint Paul désigne le coupable, c’est le péché, dit-il aux Ephésiens, dans la deuxième lecture de ce 16ème dimanche du T.O. (année b). La racine de toutes les guerres, petites ou grandes, médiatisées ou cachées, la racine de nos désunions et des barrières qui nous séparent les uns des autres, c’est donc le péché, cette vilaine plaie qui gangrène nos communautés et nos familles mais que nous ne voulons plus reconnaître.

C’est vrai que le péché a mauvaise presse aujourd’hui ; on l’accuse d’empoisonner la vie à tout le monde, et même d’amener des personnes fragiles à se détester au point de commettre l’irréparable, au nom,
disent nos amis agnostiques, « d’une quête illusoire de perfection ».

Mais faut-il pour autant refuser la notion de péché et nier son existence ? Ceux qui poignardent et égorgent parce que leur cœur est rempli de haine, ne seraient-ils donc que des névrosés ? Ceux qui mentent et qui volent, ceux qui exploitent les faibles ou qui réduisent de pauvres gens en esclavage, ne seraient-ils que des victimes, des gens blessés dans leur enfance et qui, sans le savoir, infligeraient à d’autres les mêmes blessures ?

Pourquoi alors la femme adultère a-t-elle confessé son péché devant tous ses concitoyens ? « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». Jn. 4, 39.

Non, ce que nous croyons c’est qu’il y a toujours au moins, une petite part de responsabilité personnelle dans les actes que nous posons ; or non seulement le péché nous ravit la joie de notre salut, mais il nous éloigne les uns des autres ; nous ne sommes plus en paix ni avec Dieu, ni avec le monde, parce que nous ne le sommes pas avec nous-mêmes.

Pourquoi n’y-a-il que paix et harmonie en Dieu qui est pourtant un et trine ? Parce que la sainteté c’est le nom de Dieu (cf. Ps 77,14), une parfaite sainteté.

Abreuvons-nous à la Source véritable qu’est l’Esprit du Christ et nous verrons qu’il n’y a pas de paix dans le péché. Nous redeviendrons les bons artisans de paix, sel et lumière dont le monde a besoin, quand nous aurons de nouveau le courage d’appeler le péché par son nom, et que nous nous
mettrons à le combattre en nous et autour de nous, tout en sachant que chaque acte de charité que nous posons, en famille ou dans la Communauté chrétienne, fait reculer le désordre et la violence tout en faisant advenir la Paix et la Victoire du Ressuscité.

Ab. Michel

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Author: mjusseau