Jésus-Christ, « Fils de l’Homme » ou le cœur du mystère chrétien. (édito du 27 nov. 22)

Qui est Jésus-Christ ? Un mythe, comme le croient encore certains athées ou agnostiques, l’agitateur politique que saluaient les soldats romains comme « le roi des juifs » Mt 27, 30 ou un prophète comme Moïse ou comme ceux d’autrefois ? Qui est Jésus ? La question est loin de faire l’unanimité, mais quelle que soit l’identité qu’on donne au fils de Marie, ce que nul ne lui conteste, c’est la suprématie de son enseignement, un enseignement tout nouveau, qui a retenu l’attention de tous ses contemporains et depuis lors, de toutes les générations. Et ce qui frappe encore chez ce prédicateur itinérant qu’est Jésus de Nazareth, c’est qu’il n’est pas de « ceux qui disent et ne font pas » Mt 23, 3. L’exemplarité de sa conduite en effet, a fait de Jésus-Christ un homme unique dans l’histoire, bien au-dessus de tous, sans exception. Napoléon à la fin de sa vie ne le comprenait toujours pas : « Je n’ai pas été en mesure, écrivait-il, de conquérir un seul continent. Ce Jésus, sans jamais manier une épée, a conquis tous les peuples et marqué toutes les cultures pour des millénaires ». Tout au long de leurs années de compagnonnage avec lui, les Apôtres eux-mêmes se sont constamment posés la question de la véritable identité de Celui qu’ils appelaient « Rabbi » ou « Maître », ce personnage à la fois fascinant et troublant : « Qui est-il donc celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Mc 4, 41. Le soir de la multiplication des pains, le voyant en pleine nuit de tempête, venir à eux en marchant sur les eaux, ils le prennent pour un fantôme et complétement bouleversés ils se sont mis à crier.

Qui est Jésus ? Dans les évangiles, lui-même se présente comme « le Fils de l’homme » ou « Fils d’homme » ; une expression qui apparaît plus de 70 fois dans les Evangiles, sur ses propres lèvres et toujours pour parler discrètement de lui-même. Mais alors que peut bien signifier ce titre si énigmatique ?

L’expression « Fils de l’homme » est très courante dans la Bible. On la trouve fréquemment dans les Psaumes pour parler de l’homme ordinaire que nous sommes tous et chacun, avec nos précarités, nos faiblesses et la fragilité de notre condition humaine. En tant que tel, nous ne sommes rien si nous cessons de compter avec le soutien de Dieu. Dans le Livre du Prophète Ezéchiel, le « Fils de l’homme » désigne un prophète, un homme choisi d’entre les hommes, que Dieu envoie à un peuple en voie de perdition, le peuple hébreu en l’occurrence. Ailleurs et notamment dans le Livre de Daniel, le « Fils de l’homme » c’est un personnage mystérieux et divin, celui par qui Dieu montre sa gloire, sa puissance et sa victoire sur toutes les puissances bestiales. C’est lui ce « Fils de l’homme » que Dieu fait Juge des derniers temps, Celui qui sépare les bons des méchants « comme le berger sépare les brebis des boucs ».  Mt 25, 31-43

A l’époque du Christ l’expression « Fils de l’homme » était assez familière. Elle renvoyait au Messie attendu depuis longtemps, qui devait venir avec puissance et grande gloire pour rétablir la royauté de David. Quand Jean-Baptiste envoie une délégation au Christ pour lui demander de révéler son identité, (« Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?»), c’est bien à ce Messie qu’il pense. Il « tient déjà à la main la pelle à vanner et à nettoyer », dit le précurseur et censeur d’Israël.

On comprend donc par son ambivalence ou son ambiguïté que ce titre de « Fils de l’homme » ait été choisi par le Christ de préférence à tant d’autres qu’on rencontre dans les Evangiles ? « Fils de l’homme », il l’est en en effet, en ce qu’il est issu d’une famille humaine et qu’il est en tout semblable aux autres hommes ; mais il l’est également dans le sens des prophéties du Premier Testament ; il est Celui « qui reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts », Celui dont la véritable identité de Christ, de Seigneur et de Fils unique de Dieu, va se révéler et de la manière la plus éclatante, le matin de la Résurrection. Mais en attendant de le voir se relever d’entre les morts, lui-même choisit, c’était son habitude, de laisser à tous ceux qui l’écoutent, la liberté de croire et de le suivre ou de ne pas le croire.

Bon Avent ! Ab. Michel

Author: Olivier Bruna