On raconte qu’un jour, un homme qui ne croyait ni en Dieu ni au diable, ni en quelque religion que ce soit, va trouver le Grand Rabbi Hillel, et pour le mettre à l’épreuve afin de le ridiculiser lui, ses disciples et tous les croyants, lui fait cette demande : « Fais-moi croyant, mais à condition que tu m’enseignes toute l’Ecriture (la thora), pendant que je me tiens sur un seul pied ». Hillel qui avait senti la provocation, lui répond du tic au tac et dans un calme olympien : « Ce qui t’est odieux ne le fais pas à ton prochain ».
Voilà lui dit-il, tout ce que l’Ecriture enseigne ; tout ce qui s’y ajoute n’est qu’explication et commentaire.
La règle d’or : « Ce que tu n’aimes pas ne le fais à personne » Tb. 4,15 ; une maxime aussi ancienne que l’humanité reconnaissent les Pères de l’Eglise, et une constante dans toutes les civilisations et religions. Le Christ la reprend à son compte, avec cependant une nuance de taille ; il ne s’agit plus d’une interdiction (ce que tu ne veux pas…ne le fais pas), mais d’une invitation à la bienveillance et à l’imitation de notre Père des Cieux, Lui qui
n’est qu’amour et miséricorde, qui non seulement remets les dettes, mais fait pleuvoir sur les justes et les injustes et accueille le fils prodigue.
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, dit le Christ, faites-le vousmêmes pour eux ». Voilà donc l’idéal et le code moral du chrétien ; il va bien plus loin que ce que demande une simple règle d’empathie ou de réciprocité. Ce que demande le Christ, dans ou en dehors de la Communauté, c’est d’être proactif et d’agir toujours en conséquence,
quelles que soient les circonstances ou les personnes auxquelles nous pouvons avoir affaire.
S’empresser de faire pour les frères et sœurs de la communauté ce que nous souhaitons qu’ils fassent pour nous c’est bien une règle de vie plus dynamique, plus active et plus humaine parce que moins restrictive. St Cyprien au 3ème siècle le faisait remarquer : « Celui qui pense
faire aux autres ce qu’il voudrait qu’on fît à lui-même s’applique à rendre le bien pour le mal et le bien au centuple de ce qu’on lui fait »
Ce qui nous rassemble, nous chrétiens, c’est que sommes un peuple d’alliance dans une Eglise dont le Christ est la tête, le Christ qui démasque, vainc et soumet les forces du mal et tout ce qui nous rend sourds, muets ou aveugles c’est-à-dire incapables de sortir de nous mêmes, de nous décentrer de nos désirs, ou comme dit le Pape François, de « sentir l’odeur »
de nos frères en Christ.
Faire aux autres ce qu’on voudrait qu’ils fassent pour nous n’est-ce pas la meilleure manière de soigner le vivre ensemble et de faire de notre Communauté un lieu apaisant et revigorant, une halte spirituelle, qui permette à chaque baptisé de puiser l’énergie nécessaire pour aller de l’avant ?
Ab. Michel