Liberté et courage de la foi


Bartimée, qui nous est présenté ce dimanche, est dans les Evangiles, l’une des figures les plus sympathiques. L’histoire de cet aveugle en effet, émeut les cœurs les plus insensibles. St Marc raconte : sur le bord du chemin qui va de Jéricho à Jérusalem – un chemin qu’empruntent tout au long de l’année de très nombreux pèlerins, et pour qui, pour cette raison, attirait aussi les mendiants, voleurs et malandrins de toute la région, – Bartimée s’est trouvé une petite place ; une place qu’il occupe chaque jour du matin au soir, vêtu de son manteau de mendiant, pour demander l’aumône aux passants. Bartimée n’a rien fait pour mériter d’être handicapé, mais il sait qu’aux yeux des gens, il est forcément une mauvaise personne, une
âme damnée ; sa cécité est pour tous, le signe d’une punition divine.

Pourtant il n’est pas révolté, il n’en veut à personne, et surtout pas à Dieu. « Aide-toi, le ciel t’aidera » semble être sa devise.


Or un jour, de sa petite place « sur le bord du chemin », Bartimée, – son âge n’est pas précisé, mais il devait être plutôt jeune – entend comme un mouvement de foule. Il tend l’oreille et apprend que c’est Jésus
de Nazareth qui passe. Aussitôt, dit l’Evangile, il se mit à crier, comme un fou, et sans arrêt: « Jésus, fils de David aie pitié de moi ».

La foule est choquée, on veut faire taire cet aveugle importun, on le rabroue, on le menace, mais rien n’y fait, il continue de crier de plus belle. Le Christ qui a entendu la détresse de Bartimée,
le fait appeler. Avec la description que fait l’évangéliste de cette scène, on a l’impression que la cécité a disparu dès qu’il a été dit à Bartimée que le Christ l’appelait. Car aussitôt, il jette son manteau, il bondit et
court vers Jésus.


Ce qui impressionne chez cet aveugle mendiant c’est :

d’abord sa liberté et son indépendance d’esprit. Tant qu’il n’avait pas rencontré le Christ, Bartimée n’était qu’un objet, toujours sur le bord du chemin, un sous-homme en quelque sorte, avec son misérable
manteau, signe de sa condition d’exclu. La rencontre avec le Christ va révéler ce que Bartimée porte au fond de lui-même, les mêmes désirs, les mêmes rêves qui font notre humanité commune. Il a trouvé son
Sauveur, plus rien ne le séparera de Lui

ensuite son courage. Il va s’opposer, et de la manière la plus énergique, à une foule qui tente de brider sa foi et de le maintenir dans sa condition de miséreux et de marginal, alors que lui, rêve de devenir un
homme debout, un enfant de Dieu. Sa ténacité et sa grande détermination vont provoquer l’admiration du Christ : « Va, lui dit-il, ta foi t’a sauvé ».
Le chemin de la foi n’est jamais une marche triomphale, pas non plus une attente passive.

Pour goûter à cette joie d’avoir les yeux levés vers le ciel et nous émerveiller de la beauté du monde, nous devons, comme Bartimée, avoir le courage de nous libérer nous aussi, de l’emprise des foules et d’une
opinion par trop ambivalente.


Ab. Michel

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Author: mjusseau