Pentecôte : célébrer la diversité

Pentecôte : célébrer la diversité.

   Quel est le miracle de la Pentecôte ? Le livre des Actes des Apôtres nous le raconte : ce matin-là, cinquante jours après la Résurrection du Christ, la ville sainte de Jérusalem grouille de monde ; c’est un jour de pèlerinage national pour les juifs, un des grands événements de l’année qui réunissaient à Jérusalem, judéens et galiléens, mais aussi de très nombreux juifs de la diaspora. Jérusalem à cette occasion accueillait même des « craignant-Dieu », un grand nombre de païens venant des pays limitrophes, parce que fascinés par la foi et les traditions religieuses juives.   

     Combien parmi ces dizaines ou centaines de milliers d’hommes et de femmes savaient qui était Jésus-Christ ? Les apôtres, craintifs et apeurés depuis les douloureux événements de Pâques, vont pourtant se retrouver au milieu de ces foules ; comme tous les autres habitants de Jérusalem, ils se réclament eux aussi de la foi d’Abraham. Ils étaient bien loin d’imaginer qu’ils allaient bientôt occuper le devant de la scène. En effet, ce qui s’est passé ce matin de Pentecôte est humainement incompréhensible ! « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Elamites… » Ac. 2, 7-9.

      Comment est-il possible en effet, que Pierre, qui a récemment tremblé devant une toute jeune domestique, soit devenu du jour au lendemain, ce témoin intrépide qui tient en haleine et devant le temple, une foule considérable, sans se soucier des menaces des chefs religieux juifs ? Voilà le miracle de la Pentecôte et ce n’est pas que cela ; il y a aussi et surtout cette mystérieuse capacité linguistique, aussi bien chez les apôtres que chez les pèlerins de cette première Pentecôte chrétienne, quelque chose de totalement inédit, un prodige du doigt de Dieu à l’œuvre.

      L’Eglise du Christ est donc, dès sa naissance, une Eglise une, mais catholique ; une Eglise qui parle le langage de la foi, d’une foi en un Dieu qui est Amour, donc une Eglise qui ne peut pas avoir d’autre langage que celui du cœur. Le miracle de la Pentecôte, c’est que des gens qui, en temps normal, ne se seraient jamais parlés, aient pu s’accepter les uns les autres comme les enfants d’un même Père, et d’un cœur unanime, chanter ensemble les merveilles de Dieu : juifs et romains, crétois et arabes, parthes et cyrénéens, pharisiens et publicains ; en somme l’unité dans la diversité ; diversité de peuples, de cultures et de langues, mais unité par l’inhabitation du même Esprit. On est loin du terrain politique où l’on ne se parle que pour se jauger, et où on n’écoute l’autre que pour mieux le démolir et l’anéantir.

       La Pentecôte c’est donc une célébration de la diversité aussi ; l’Esprit de Dieu ne nous fait pas un groupe de gens identiques, ayant les mêmes idées et les mêmes goûts ; nous ne sommes pas des « cathos repliés sur eux-mêmes » et cherchant à cultiver et à perpétuer l’entre-soi. L’Eglise de Pentecôte c’est une Eglise de la diversité ; et c’est là que l’Esprit accomplit ses œuvres.

                                                                                                                     Ab. Michel

Author: Olivier Bruna